« Tout ira bien », Justine 24 ans En 2019, ma vie de jeune adulte a changé. J'avais presque 20 ans quand j'ai dû passer un IRM cérébral de contrôle suite à la prise d'Androcur qui pouvait provoquer de nombreux cas de kystes au cerveau. Les résultats n'étaient pas supers, mais ils auraient pu être pires : on m'a décelé une tumeur bénigne dans le côté droit de mon cerveau. J'ai eu de la chance car elle a été découverte un peu par hasard. Le problème, c'est que j'étais trop jeune pour avoir ce genre de tumeur et elle était mal placée pour qu'ils puissent m'opérer pour l'enlever. Il fallait alors la traiter par chimio et radiothérapie. Quand on m'a annoncé tout ça sur l'instant je n'ai pas vraiment réalisé ce qui se passait, car je me sentais très bien et surtout pas malade. C'est lorsque je suis sortie de mon rendez-vous que j'ai peu à peu réalisé, les larmes me sont montées, je me suis vite sentie dépassée, j'avais à peine 20 ans et je pensais plus à profiter de la vie que me battre pour la vivre. Heureusement, ma mère était là et me disait « t’inquiètes pas, tout ira bien ». Ce qui a été dur pour moi, c'est lorsque l'on m'a demandé de choisir si oui ou non je voulais congeler mes ovocytes. Car en effet on m'avait expliqué que la chimiothérapie pouvait rendre stérile. Or à cet âge là j'étais encore loin de déjà penser à vouloir fonder une famille, je pensais plus à qu'est ce que j'allais faire au prochain week-end. Mais j'ai dit oui car on ne sait pas de quoi le futur est fait, qui sait, à 30ans j'aurais peut-être envie d'avoir une famille. Tout ce que je voulais à cette période là, c'était être une étudiante normale. J'avais alors décidé de continuer mes études tout en faisant les traitements. Pour être honnête, ce n'était pas facile tous les jours. Beaucoup de fatigue, de pleurs... De plus, la perte de mes cheveux n'était pas facile à vivre. Je m'accrochais donc à ce projet d'avenir professionnel pour oublier un peu la maladie, avancer dans ma guérison et la surmonter. Je ne regrette pas mon choix d'avoir continué mes études car ça m'a donné beaucoup de force. Ma famille et mes amies ont également été d'un grand soutien, je ne les remercierai jamais assez d'avoir été présents pour moi, ils m'ont donné beaucoup de courage pour pouvoir avancer et ne rien lâcher. En 2021, à la fin de mes études, j'ai bien été récompensée : j'ai eu le droit à un diplôme, en tant que major de promotion, et à vaincre la maladie, deux magnifiques réussites. Ma mère me disait "Wonder Woman" mais moi je préférais plutôt me dire que j'avais seulement fait confiance en la vie. Au final ma mère avait eu raison : tout s'est très bien passé tout le long de mon suivi. J'ai bien été accompagnée, d'abord par le Docteur Campello, puis par le Professeur Chinot. Et maintenant je vis une vie tout à fait normale, je vis avec mon copain, j'ai un CDI et je suis heureuse. Ce passage de ma vie m'a fait grandir. Même si je n'ai pas eu la jeunesse que j’espérais, je suis fière de ce que j'ai accompli. La vie n'est pas finie, et il me reste pleins de belles choses à découvrir. Restez optimiste !