Mon histoire commence en rentrant d’un week-end de Pâques passé en famille.
Je suis réveillé par d’intenses douleurs migraineuses associées de terribles vomissements qui vont durer 24 heures. Cinq jours plus tard, voyant que mon état ne s’améliore pas, je pars réaliser un scanner.
Le verdict tombe deux heures plus tard : on m’annonce la présence d’une « masse dans le cerveau. » Le monde autour de moi s’écroule et je comprends tout de suite que je suis au début d’une mauvaise aventure.
Je suis transporté le jour même vers la Timone dans le service du professeur Fuentes. La sensation de vide et d’incompréhension est terrible. Nous vivons aujourd’hui dans un monde où l’information est directement disponible. Là je n’ai rien et que je dois attendre de passer une l’IRM.  
L’IRM passée, le professeur Fuentes m’annonce que je suis opérable. J’en comprendrai l’importance quelques semaines plus tard, tant l’opération peut améliorer le pronostic. 
Je suis donc opéré une semaine plus tard pour subir une ablation de la tumeur.
Je suis confiant, je sens que mon corps est prêt. Je sens aussi que je suis porté par la foi de mes proches et une force spirituelle qui m’entoure.
L’opération est un succès et je ressors de l’hôpital trois jours plus tard pour rentrer chez moi, me reposer et trouver ma femme et mes enfants.

Un mois plus tard, j’ai rdv avec le Pr Fuentes pour connaitre les résultats de la biopsie.
J’arrive « détendu » à ce rdv. Pendant un mois, proches, familles et infirmiers m’ont expliqué qu’ils connaissent tous un proche dont on avait enlevé une tumeur, bénigne.
L’annonce des résultats est très violente. La tumeur est maligne. C’est grave. C’est un cancer du cerveau.
Je ressens un tsunami. C’est violent ce qu’il se passe.
Je ne vais pas rentrer chez moi, car j’ai un rdv prévu avec le Pr Tabouret juste après.
Je me rends compte que tout avait été prévu en amont sans qu’on me le dise, et heureusement… Le stress aurait été trop important.

Je découvre le monde du service de neuro-oncologie. Des médecins, des infirmiers, des ingénieurs, des scientifiques…
Je rencontre aussi le Pr. Tabouret qui sera mon médecin référent.

Je découvre que je vais recevoir de la chimio pendant 8 mois, des séances de radiothérapie pendant 6 semaines, une potentielle participation à une étude expérimentation américaine, que j’aurai des IRM toute ma vie, que mon oncologue me surveillera toute la vie, que je ne pourrai pas reprendre le travail avant plusieurs mois (je suis ostéopathe).

Le retour à la maison est très dur. Regarder mes enfants me fait pleurer. L’envie d’aller taper « glio-blastome » sur internet est irrésistible, l’envie de savoir nous pousse à le faire mais j’ai immédiatement regretté.  

J’ai touché le fond, mais le soutien des proches est plus que jamais présent.
Je suis tout de suite prêt pour la bataille qui m’attend. 
Je n’ai pas le choix, je dois guérir pour ma femme et mes enfants.
J’ai entière confiance en tout le staff qui m’entoure et ferai tout ce qu’ils me demandent de faire. Je veux que ça marche.

J’ai toujours eu besoin de faire du sport, de la course à pied et du trail en particulier. Je sens très vite que j’en ai besoin pour me ressourcer. Le Pr Tabouret n’y voit pas d’inconvénient.
Je cours autour de la maison, puis avec des amis seulement et enfin seul en voyant que mon corps me suit et que je suis en forme. Courir me fait tellement du bien moralement.

Les séances de radio-thérapies se passent bien, elles sont concomitantes avec la chimiothérapie.
Mise à part des sensations de brulures ressenties au niveau du cuir chevelu, qui seront totalement calmées par une coupeuse de feu ; je me sens bien. Je peux faire du sport plusieurs fois par semaine et je planifie des séjours en montagne régulièrement. Courir en montagne est ce qui me ressource le plus. Je me sens vivant, fort, j’ai l’impression de maîtriser mon corps.

Je profite encore plus de ma famille, de tous mes amis. Ce sont eux qui viennent me voir.
Les moments sont encore plus intenses, certains sont même extraordinaires.

Je me lance dans la pratique de la méditation avec l’aide d’un ami qui me guide. Il faudrait le faire au quotidien, 15 minutes. Je sens que cela me calme et me ressource. J’ai aussi eu la chance d’avoir des séances d’hypnose avec une thérapeute que je connaissais. J’essaye de sortir de la question « pourquoi moi », d’y voir autre chose, d’avancer.  Je ressens bien que je vais devoir tout faire pour « aérer mon cerveau », de limiter au maximum la charge mentale.

Depuis l’opération, je comprends ce que signifie vivre un jour après l’autre, une étape après l’autre. Se projeter dans l’avenir donne le vertige et prendre les choses pas à pas donne confiance et redonne de la force. C’est comme les envies de projet, je veux les concrétiser rapidement et profiter de ma famille dès que je suis en forme.