Madame, Monsieur, Mademoiselle.
C’est avec un peu de regret que je vous écris.
En effet, c’est une bien triste chose d’obtenir un jour la légitimité d’écrire un témoignage sur la vie d’un malade puisque cela signifie que l’on en a porté l’habit.
Toutefois dans la vie, il faut accepter ce qui nous arrive et une fois que cela est fait il est nécessaire de savoir avancer.
C’est ainsi que moi jeune femme de 21 ans je me suis vu annoncer il y a 9 mois que deux tumeurs avaient élu domicile dans mon cerveau.
Aujourd’hui encore je n’arrive pas à décrire ce que le diagnostique a créé en moi, je ne peux pas décrire la réaction que j’ai eue. C’est LE moment où l’on comprend que notre vie va être bouleversée.
Cela vous tombe dessus sans que vous ne puissiez rien y faire, ça vous anéantit et comme si cela ne suffisait pas vous tournez la tête et vous voyez tous vos proches tomber avec vous. Vous voyez qu’ils essayent de se retenir pour faire bonne figure devant vous mais au fond vous savez que c’est eux qui vont tomber bien plus bas que vous.
On se rend compte que désormais il y aura la vie d’avant et la vie d’après.
Le plus difficile c’est de savoir qu’entre ces deux périodes il y en a une troisième qui nous est totalement inconnue et que l’on imagine difficile.
Il ne faut pas se mentir combattre le cancer n’est pas facile.
Toutefois je pense que dans toutes épreuves de la vie il faut savoir relativiser et trouver le beau dans le très moche ; la parcelle de joie dans la tristesse et les petits bonheurs dans les grands malheurs.
Rien n’est jamais totalement noir.
C’est une expérience qui sera très difficile à vivre mais qui peut ressouder toute une famille, dévoiler de vrais amis ou encore faire naitre des vocations.
Tous les cancers sont différents. Comme pour les guerres, les armes changent, les raisons divergent mais le but est le même pour tous, chacun se bat pour en sortir vainqueur.
Chaque personne est unique et chaque personne a sa façon de réagir face à la douleur et aux obstacles. Je n’ai aucun conseil à donner à qui que soit mais je suis intimement convaincue que le fait de garder le moral, d’essayer de toujours garder en tête que l’on va s’en sortir que l’on est plus fort que tout ça est un énorme facteur de guérison.
Evidemment, il y a des moments où l’on est obligé de craquer, les nerfs lâchent, l’attente est interminable et les souffrances désespérantes.
Mais il faut toujours se souvenir que l’on ne se bat pas pour rien.
Vous vous battez déjà pour vous, mais si vous tournez la tête vous voyez que vous vous battez aussi pour tous ceux qui créent cette bulle d’amour autour de vous.
Alors voilà, ne tombez pas dans le piège de la maladie, de la honte, ou de certains sentiments qui vont avec. Ne vous renfermez pas sur vous même, entretenez la communication, essayer de continuer à vivre le plus normalement possible dès que cela est possible.
Continuez à rire des mêmes bêtises qu’avant, voyez vos amis, parlez des choses de la vie et pas que de la maladie.
Pour les filles, essayer de rester féminines, même si c’est très difficile, cela est primordial.
Enfin si vous arrivez à avoir une confiance aveugle en votre médecin, ce sera déjà le début de votre guérison ou du moins un soulagement énorme et d’un poids en moins sur vos épaules.
Si je devais dire un mot aux familles ou proches des patients, ce serait de ne surtout pas culpabiliser. Nous savons que vous voudriez faire toujours plus, mais vous faites déjà le plus important en restant près de nous.
Je pourrai encore parler pendant des heures de tout ce que l’on ressent durant cette épreuve mais je pense que le plus important à retenir est qu’il ne faut surtout pas se décourager, éviter d’aller sur internet vous ne trouverez pas ce qui vous concerne, votre cancer est comme vous : c’est à dire unique.
Mais surtout et je le répète parce que pour moi c’est essentiel : soyez entourés, c’est dans le regard de ses proches qu’on l’on acquiert toute la force nécessaire pour cette bataille.
Croyez moi la victoire est magnifique mais elle devient grandiose lorsqu’elle est partagée.
Amicalement
Ps : entouré des siens l’impossible n’est rien.
Poème
Dis moi mon ami si tu commences l’aventure que j’espère avoir fini j’ai quelques mots à te dire.
Demain peut-être va commencer un long chemin dont je connais presque tous les recoins.
Sache que si tu as besoin, je te tiendrai la main.
Des médecins, des chirurgiens, des internes, des infirmières tu rencontreras. Aucun de leurs mots au début tu ne comprendras.
Les premiers temps Apeuré tu seras, ne t’inquiète pas, ça passera.
Déprimé tu seras en arrivant mais crois moi nostalgique tu seras à la sortie.
Grâce aux sourires des infirmières, les piqûres et les aiguilles deviendront tes meilleures amies.
En un coup de sonnette, elles apparaissent toujours aussi belles.
Une petite larme elles dégainent le mouchoir et ça repart.
Pour les plateaux repas on repassera.
Les cheveux tu perdras, dans quelques temps ça repoussera.
En attendant le bonnet tu porteras
Bravo te dira monsieur Chinot.
Quand tout sera fini, c’est bien à lui que tu diras merci.
Prends ton courage à deux mains,
La plus grande aventure de ta vie commence demain.
N’aies pas peur tout le monde te tient la main.
Et surtout retiens bien qu’entouré des siens l’impossible n’est rien.