Dépendance …/... indépendance
La dépendance est, pour certains, source de facilité :
Eviter d’avoir à penser et se laisser glisser dedans, sans avoir à réfléchir; bien ou mal ce n’est pas le sujet. Quand on parle de dépendance et d’indépendance, il y a toujours deux pôles : l’individu concerné, et les autres qui constituent la société, principalement la famille, le (la) compagnon (compagne).
L’indépendance confirme un désir de solitude, pour écouter le silence et se dire que l’on n’a pas besoin des autres. On peut y réfléchir… c’est aussi se convaincre que l’on sait tout faire en oubliant volontairement « j’ai appris par et avec les autres ». L’indépendance est peut-être une forme d’égoïsme.
Que dire de la dépendance ? On ne peut plus s’assumer, on a besoin des autres, pire encore, sans les autres, l’handicapé n’est rien, incapable de s’assumer, incapable d’assumer.
Sa survie tient à un fil si fragile, prêt à se rompre à tout instant si la famille, l’entourage proche, les amis de toujours du fait de leurs occupations, laissent le temps s’allonger, les visites s’espacer. Le fil se tend, s’allonge et va se rompre, sans prévenir.
La personne dépendante commence la descente vers le néant, la mort à petit feu … et rien ne semble pouvoir l’arrêter.
Non …… seul l’accompagnant peut stopper cette chute, car elle ou (il) l’aime depuis toujours sans jamais défaillir. Cette situation est rarissime et exceptionnelle.
Souvent la personne dépendante ne réalise pas de suite la chance extraordinaire qu’elle a. Du fait du handicap, son comportement devient de plus en plus égoïste ; ce qui peut entrainer la destruction physique et morale des deux (accompagnant et accompagné).
Mais de rares exceptions existent :
Quand l’accompagnant s’engage sans ménagement, au péril de sa santé en s’annihilant au profit d’une certaine décence de vie pour l’handicapé.
Cette situation précaire résiste à condition qu’accompagnant et dépendant accordent leurs efforts à lutter pour rétablir un équilibre fort, bien que l’handicapé soit affaibli par son état physique.
Si cet équilibre ne peut pas se rétablir, accompagnant et handicapé vont très vite vers l’irréparable, comme l’abandon de l’accompagnant simplement pour continuer à vivre.
Expériences
La vie n’est pas un fleuve tranquille, mais une succession de courants rapides, très rapides dans des eaux plus ou moins profondes cela peut être des moments calmes dans lesquels tout va bien.
Que se passe-t-il quand l’homme est face au vide, à l’imprévu, il doit faire rapidement un choix : subir la guerre ou faire la guerre à la maladie.
Pour certaines personnes, c’est l’anéantissement, pour d’autres il s’agit d’un réveil brutal qui implique des décisions rapides, réfléchies et contrôlées. Pour ceux qui échappent à l’anéantissement, ceux-là sont dans la bonne voie et vont voir très vite qu’il peuvent combattre la maladie avec succès dans un premier temps pour la faire plier, la ralentir et l’anéantir.
Pour ce faire, il est nécessaire de concentrer toutes ses forces, toute son énergie ; cette décision, consiste à accepter une forme d’égoïsme et d’avoir la capacité de transmettre à sa famille, à son entourage, ses amis qu’il s’agit de la bonne solution pour en réchapper. Cette phase est la plus difficile à mon avis parce que le malade ou l’handicapé doit décider d’être le premier à puiser dans sa réserve d’énergie, c’est à dire son instinct de conservation tout en gardant un peu de cette énergie pour ceux qui l’entourent.
Plus tard, le repos sera nécessaire. Sans rentrer dans la routine, le malade devra rester vigilant et moins puiser dans sa réserve d’énergie. L’handicapé, à chaque fois que c’est possible, doit se reposer et faire semblant de dormir, « faire le chien » comme je le disais souvent à Olivier Chinot, à qui je dois ma vie : ce médecin , professeur exceptionnel, diplomate, attentif, calme et sûr des décisions qu’il doit prendre tous les jours (sans oublier son équipe).
Garder le moral, l’espoir et croire.
Jérôme L. 2013